Le CILA : colloque le 16 mars 2019

cila_adolescence_creativites_cerep_phymentin.png

Créativités à l’adolescence : sublimer, rêver, se penser…

Un colloque du Collège International de l'Adolescence (CILA) donnant la part belle à la diversité des pratiques cliniques autour de la création, dans le contexte d’une séance de psychothérapie ou dans les espaces s'appuyant sur des médiations.

« Historiquement, la création artistique a été considérée comme une des formes les plus abouties de spiritualité, élevant l’âme au-delà des contingences matérielles et des buts pulsionnels. À l’adolescence, la génitalisation du corps est vécue comme la source de fantasmes affolants. Sous l'effet d'un collapsus entre l'actuel et le refoulé, les limites entre imaginaire et réalité tendent à s'estomper, confrontant l’adolescent à un éprouvé énigmatique.

La sexualité génitale est-elle sublimable alors qu’elle ouvre sur un but sexuel impliquant une satisfaction pulsionnelle ? Rimbaud comme Basquiat ont montré que l’adolescence peut être le temps d’une ouverture de la vie psychique sans équivalent, suggérant que la créativité et l’adolescence se tiennent la main. Au point que Bernfeld a associé la sublimation adolescente au génie, sans doute en pensant à Freud dont il fut le premier biographe.

Face aux mouvements d’angoisse apparaissant pour assumer la métamorphose et la nouvelle solitude face aux autres adultes et pairs, la capacité à jouer avec ses représentations donne un élan à l’adolescent qui, comme dans une séance, peut associer librement et créer en fonction de ce qui résonne en lui. Lorsque Winnicott compare peindre et danser, lorsqu’il comprend le football comme un jeu créatif, il suggère que ces diverses modalités de sublimation s’insèrent dans un espace de créativité au service d’une personnalisation, d’un mouvement subjectif à la fois source de réjouissance et de contact avec son vrai self. La création adolescente est autant figuration d’un état interne qu’appel à représentations, appartenant à la réalité externe tout en étant un écho réverbérant et créatif du monde interne. L’adolescent n’a-t-il pas un besoin essentiel de créer, même lorsque cela n’est pas reconnu comme tel dans le champ social ? Les adolescents n’échangent-ils pas entre eux autour de ce qu’ils ont créé, pour mieux se connaître et se rencontrer ? Ne déterminent-ils pas des élans créatifs nouveaux dans la société, impactant les modes adultes, comme ces adolescentes qui, par leurs hurlements, empêchaient les Beatles de s’entendre jouer au Madison Square Garden ? »  Le CILA