Comment une équipe de pédopsychiatrie, mise en difficulté par la « voracité affective » d’une adolescente lourdement handicapée, réussit à faire de cette rencontre douloureuse un solide bagage...
« … Les premiers mois de mon arrivée à Esquirol, un fantôme errait dans les couloirs. Pas un jour ne se passait sans que soient évoqués une certaine Alice et l’enfer quotidien qu’elle avait alors fait vivre au service. Il n’était pas rare d’entendre ainsi le matin : « Tu vois, si Alice était encore là, le service serait déjà à feu et à sang… ». Alice était une jolie petite fille, pour qui ses parents rêvaient d’un avenir radieux.
Un jour, sa vie a basculé après un accident vasculaire cérébral. La vie de ses parents aussi bien évidemment et d’une certaine manière celle des soignants d’Esquirol. Après cet AVC, Alice était devenue méconnaissable : aphasique, incontinente, caractérielle et violente.
Après avoir « épuisé » tous les dispositifs du département, elle avait fini par « échouer » à Esquirol. Pendant une dizaine d’années, elle a bouleversé ce lieu de vie, monopolisant chaque soignant, de son réveil à son coucher, au détriment des autres patients. Alice était dans une quête affective insatiable. Elle semblait en permanence aux prises avec la répétition d’un ressenti enfantin abandonnique tout en étant otage d’un conflit parental autour de sa maladie et de son handicap. Si elle ne se sentait pas suffisamment réassurée narcissiquement de son existence, cela déclenchait chez elle des comportements qui généraient en permanence d’autres conflits et du rejet… »
►Source : Santé mentale
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