8e colloque de l’Association de Recherche Clinique sur l’Adolescent où se feront écho cinéastes et psychanalystes, approche esthétique et approche clinique, moments de projection et moments de réflexion...
Ça bouge, puis ça parle, ça se regarde, ça s’éprouve et ça se raconte, tout seul ou au milieu des autres, c’est du cinéma ! Formidable support de projection et objet manifeste d’accès à la rêverie, au fantasme, à l’hallucinatoire même, le cinéma nourrit notre capacité à penser l’idéal, l’autre, l’ailleurs. Rapidement associé à la jeunesse, le cinéma a mis en scène l’adolescence, ses jeux, ses enjeux. Sans doute n’est-ce pas un hasard si scénaristes et réalisateurs vouent un intérêt particulier à la « figure adolescente », à l’idéal pubertaire et à ses avatars, aux traces traumatiques qu’elle révèle, et dont la conjonction du scénario, de l’image, de la voix et de la musique multiplie les possibilités d’évocation. Évocation, réélaboration, de leur propre histoire adolescente, de leurs propres fantasmes pubertaires, qui contribuent en retour à la transmission et à la re-création collective de la « figure adolescente. »
Pour sa part, le processus adolescent travaille à la fois l’accès à la génitalité et l’ouverture vers des investissements culturels nouveaux, qui participent de la réélaboration de l’identité générationnelle. Ainsi en est-il de l’entre-soi adolescent que représentent les soirées pizza/séries ou les sorties au cinéma. Les adolescents aiment le cinéma parce que c’est un théâtre du dévoilement, de l’exposition, de l’intime, des affects et fantasmes refoulés. Le cinéma offre à l’adolescent une place, celle de spectateur/voyeur, à partir de laquelle il peut voir sans être vu, comprendre sans être interprété, s’identifier sans se sentir menacé d’intrusion.
Un double mouvement se dessine donc - l’adolescent va au cinéma et le cinéma vient à l’adolescent - qui fonde une heureuse rencontre, entre adolescence et cinéma. Le cinéma constitue un espace intermédiaire, mis à disposition par les adultes, créé par les adolescents qui se l’approprient ; un espace intermédiaire spécifique car le sensoriel y occupe une place particulière ; un espace de rencontre, de débats mais aussi de différenciation entre adolescents et adultes ; un espace potentiel entre fiction et réalité. Comment questionner le sens d’une œuvre cinématographique sans perdre de vue sa dimension esthétique, fondamentale dans le processus pubertaire ? Quelle peut être la contribution de la psychanalyse à une « clinique cinématographique » ? Quels en sont les moyens et les limites ? Que nous apporte aujourd’hui le cinéma dans la compréhension des adolescents ? Comment nous permet-il de repenser, en particulier, les problématiques adolescentes du corps et du trauma, qui viennent croiser celles de la filiation, de l’identité, du genre et de la mort ?