Interviewée, Christine Ascoli nous livre sa définition et sa vision du Copes, organisme de formation dont elle est la Directrice.
« Tout est parti il y a quarante-quatre ans d’un constat de Michel Soulé qui en grand visionnaire avait compris que si l’on voulait que les représentations que l’on a d’un enfant et de sa famille puissent évoluer, il fallait former ceux qui sont sur le terrain, au cœur de prises en charge de situations très complexes. A ces fins, il a fondé le Copes.
Partir du terrain
Dans l’héritage des valeurs de M. Soulé, le Copes peut se penser aujourd’hui de façon extrêmement simple. Nos métiers sont profondément humains : le soin (au sens large du terme) se joue dans la psyché, le mental. Il est essentiel de considérer et de défendre l’idée que les professionnels ont besoin certes d’apports de connaissances mais aussi et surtout de soutien et de partage autour des enjeux relationnels du soin.Tous les supports de formation privilégient une lecture clinique des situations de terrain, les outils conceptuels riches et multiples sont là pour rendre compte en pensée des prises en charge : partir du terrain encore et toujours.
Notre organisme de formation est un lieu de partage, d’échanges, de remises en cause, de façon éclairée et intelligente. La préoccupation permanente du Copes de mettre les pratiques au centre des dispositifs de formation est apparente, entre autre, dans la composition des membres de l’équipe et le profil des formateurs : cliniciens de terrain, ils investissent la formation tant dans ses aspects pédagogiques que comme un lieu d’échanges entre professionnels confrontés aux mêmes difficultés. Les mouvements identificatoires au sein des groupes sont alors féconds.
Notre vigilance à l’égard de la fonction d’accueil est très vive et s’exerce à tous niveaux : au sein de l’équipe, pour les formateurs et évidemment pour les stagiaires. Il est difficile parfois de se mettre au travail d’une pensée clinique émotionnellement forte, sans un accueil contenant et continu, l’exercice devient plus périlleux et incertain. La formation résonne alors dans cette dimension, avec l’accompagnement difficile et complexe de situations familiales très lourdes auxquelles les professionnels sont confrontés dans leur pratique quotidienne. Il y a une circulation, une porosité de la capacité à laisser une place à l’autre où il puisse exister comme sujet accueilli.
Un atout : des tissages de pensées
C’est entre autre pour ces raisons que le Copes est repéré comme différent des organismes classiques. Il est fondamental et identitaire qu’il fasse partie d’une association telle que Cerep-Phymentin parce que les liens avec la clinique sont de facto, repérables et incarnés.
Nous devons, par ailleurs, relever un vrai challenge, dans les vicissitudes de notre monde où tout est normé, où l’on est de plus en plus dogmatique, où l’on essaie de façon directe ou indirecte de nous imposer des modes de fonctionnement, des théories, du prêt à penser. Le Copes signifie Centre d’Ouverture Psychologique et Sociale. Le mot ouverture est essentiel. Nous défendons l’idée qu’une pensée qui ne se laisse pas contredire est une pensée morte. On n’a pas peur du contradictoire : on va même parfois le rechercher. Certes notre « squelette » théorique est psychanalytique, mais dans une approche tranquille, non recroquevillée qui pousse à accueillir d’autres approches théoriques : systémique, cognitive, attachementiste, neurobiologique… Il nous semble que ces tissages de pensées sont un atout pour les prises en charge, que le contradictoire donne une ouverture plus grande aux pensées théorico-cliniques, que le brassage des concepts ne peut qu’être profitable aux professionnels. Nous proposons donc à nos stagiaires de se nourrir d’une pensée non prémâchée. A eux de se construire leurs propres représentations.
Un soutien aux établissements Cerep-Phymentin
Notre organisme se doit d’avoir des liens d’appartenance avec les salariés de l’association, il veut être un lieu dont ils peuvent se saisir, soit pour penser des espaces de formation, soit pour y suivre un stage, soit pour animer des programmes de formation.
Des valeurs communes avec l’association
Nous partageons tous des valeurs d’humanité : nous considérons que tout être humain, quel que soit son état, son âge et sa place est doté d’un psychisme actif et vivant dont il faut prendre soin. Ca a l’air presque trop simple formulé ainsi mais cette évidence est tellement menacée. Il y a là une vraie militance de notre association ! Les relations intersubjectives sont les outils des professionnels de Cerep-Phymentin. Ce qui soigne, c’est l’engagement humain face à l’enfant et la famille et pas du tout les protocoles et les normes que l’on voudrait appliquer en force. Ce qui importe, c’est la rencontre avec l’enfant, ses parents et les autres professionnels. »