C’est une évidence, l’année 2015, avec ses difficultés économiques et les événements tragiques qui ont marqué Paris, a été une année particulièrement difficile. Les attentats de janvier et de novembre, l’état d’urgence et les mesures de protection qui ont suivi, ont forcément impacté l’activité du CMPP. Aux réactions de peur des familles et des enfants se sont ajoutées des pathologies directement liées à ces événements, notamment dans la population adolescente : angoisses, troubles phobiques, troubles du sommeil. À cela, le CMPP a répondu comme il l’a toujours fait, en accueillant des situations de crise qui se situaient parfois à la limite de ses capacités techniques. C’est, depuis sa création, la mission d’une structure comme la nôtre. Encore faut-il que les moyens de ces missions ne soient pas régulièrement réduits ou menacés, et force est de reconnaître, qu’à cet égard, l’inquiétude demeure. À titre d’exemple, nous pouvons citer deux types de difficulté auxquelles le CMPP aura eu à faire face cette année.
Le refus systématique de la part des Caisses d’assurance maladie de prises en charge de soins pratiqués en libéral (orthophonie notamment) dès lors que l’enfant est suivi en CMPP. Notre structure, qui n’a pas les moyens techniques de répondre à toutes les demandes dans ce domaine, est amenée à travailler en collaboration avec des orthophonistes libérales, qui sont, au demeurant dans certains cas, les plus à même de dépister précocement des troubles justifiant notre intervention. Les médecins conseils des Caisses d’assurance maladie tenaient jusqu’à présent compte de ces situations particulières dans leurs décisions. Il semble que cette année, ces situations se heurtent à un refus systématique, avec une argumentation purement comptable. Cette interprétation restrictive de textes aura cette année entraîné plusieurs interruptions de traitement, notamment pour des familles à faibles revenus.
Le désengagement croissant des structures publiques, hospitalières et de secteur, qui semblent déléguer de plus en plus au secteur associatif des prises en charge de patients présentant des pathologies lourdes, avec des difficultés croissantes à faire hospitaliser des adolescents lors de décompensation.
Ces deux exemples illustrent la situation paradoxale dans laquelle se retrouvent nos structures, qui se voient pénalisées dès lors qu’elles mettent en place des politiques de réseau et de partenariat qui leur sont pourtant demandées lors de leurs procédures d’évaluation.
Sans doute est-il temps, si les CMPP doivent continuer d’exister, qu’un dialogue s’instaure entre tous les acteurs concernés, et que soient repensés les moyens dont doivent disposer les CMPP pour continuer à assurer leur mission. Cette réflexion devra alors passer par une inévitable redéfinition des missions du CMPP à la lumière de l’évolution de la société et des nouveaux modes d’expression de la souffrance psychique de ses enfants et de ses adolescents.
L'équipe du CMPP