Le Service de Suite de l'EPI

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Le Service de Suite

« En 2002, 8 jeunes sont sur le point de quitter l’hôpital de jour pour rejoindre d’autres structures. Face à des émotions contradictoires d’espoir, d’inquiétude ou de détresse, Xavier Moya Plana, Directeur de l’Epi propose à l’équipe de réfléchir à un « un espace intermédiaire, un entre-deux, une sorte d’articulation pour que la sortie ne soit pas vécue comme une rupture». Pour, tout au contraire, que l’étape de séparation contribue au processus soignant. Le Service de Suite est en train de naître.

 

Un service spécifique

Rapidement l’idée de constituer un groupe préparant à la sortie émerge dans l’équipe, en plus de l’accompagnement individualisé proposé jusqu’alors. Parallèlement est imaginée la possibilité de permettre aussi des rencontres entre les futurs sortants et les jeunes déjà sortis, rencontres d’emblée étendues aux familles.

Dès le début, il est décidé que travailleront avec « les sortants » une partie des professionnels impliqués déjà dans les prises en charge quotidiennes. « A cette place, nous accueillons les mouvements d’attachement et de frustration, les angoisses et les élans pour grandir et se séparer, mouvements qu’il faut contenir mais aussi aider à élaborer et à transformer » témoigne Claudine Breton-Dumont, éducatrice en charge du groupe des Grands et des Sortants. Position néanmoins « difficile » à tenir à l’origine, affirme-t-elle car « On était vécus par certains professionnels ou enfants comme ceux faisant partir les enfants ! ». Ce temps est aujourd’hui révolu et « le maintenant » et « plus tard » se marient sans difficulté dans l’esprit de tous. Le travail de sortie, autre facette des processus de séparation à l’adolescence est ainsi clairement intégré au parcours de soin psychique tout au long du séjour à l’EPI.

Le groupe des sortants : apprendre à se séparer

Depuis des années déjà, quelques jeunes âgés de 13 ans, « les sortants », se réunissent, une matinée par semaine, en présence du Médecin directeur Olivier Ginoux, du Directeur Xavier Moya-Plana, de l’Educatrice Spécialisée, Claudine Breton-Dumont et de l’Assistante Sociale, Viviane Lacomme. Rassemblés autour d’une grande table, les adolescents disposent de feutres et de feuilles, alternatives aux mots, lorsque ceux-ci font défaut pour parler de la séparation à venir. Les termes fusent aussi, parfois violents, pour évoquer et se représenter « l’impensable » en particulier pour ces enfants : « Comment se séparer sans rompre ?». Selon l’assistante sociale, cet espace « offre un moyen de se représenter les choses avant qu’elles n’arrivent, se les approprier pour ne pas les subir. »

Rencontres entre l’intérieur et l’extérieur

Un samedi par mois, l’Epi ouvre ses portes et le lieu prend alors d’autres allures, avec une atmosphère particulière. Les jeunes sortants, accompagnés parfois de leur famille rencontrent lors de cette matinée des adolescents aujourd’hui dans d’autres structures, mais pouvant continuer à bénéficier du service de suite jusqu’à leur 20 ans.

Un moment majeur pour tous : retrouver des visages connus et vérifier que les gens n’ont pas disparu car si selon le Directeur, « Partir, c’est mourir un peu » relève de la  métaphore, pour les enfants pris en charge à l’Epi, « C’est un danger réel. »

De leur côté, « les sortis », parfois en présence de leurs parents, viennent chercher un témoignage de ce qu’ils ont été petits « Tiens, il y a toujours un dessin de moi ! » ; ils donnent des nouvelles sur l’avancée de leur projet et sollicitent, si le besoin s’en ressent une aide comme une psychothérapie, une intervention sociale, parfois scolaire, ou une consultation, en appui à leurs prises en charge actuelles.

Accueillis dans la salle de restauration, autour d’un petit déjeuner convivial, sortis et sortants, adolescents et parents partagent des situations communes : des interrogations mais aussi des réponses rassurantes. Viviane Lacomme souligne combien « on peut remarquer la grande sollicitude des parents pour le projet des autres enfants. », un moment où les familles s’acquittent peut-être de leur dette symbolique et donnent à leur tour, en fournissant conseils et pistes. 

Un mouvement collectif

Progressivement, les jeunes apprennent à mieux se positionner en tant que sujets, les professionnels effectuent un travail de séparation avec les familles qui entrent à leur tour dans une nouvelle dynamique. « Les parents », commente Xavier Moya-Plana, « font fonctionner le service d’une certaine façon. Ils expriment ce que nous ne pourrions pas faire. Ils bouleversent le rapport au savoir et nous apprennent des choses : on n’avait pas pensé à ça au départ. ».

Dans ce Service de Suite, adolescents, parents ou professionnels sont à égalité face à la maîtrise ou non de certaines situations. « Est-ce que je serai pris dans une autre structure ? » s’interroge l’enfant, « Mon enfant trouvera-t-il sa place ? » se demande le parent,  « Quand l’établissement en question pourra-t-il accueillir cet adolescent ? » questionne l’équipe.

Ecrire une histoire

Le Service de Suite aide à considérer le fil du temps avec ses accidents et à lui donner du sens - écrire une histoire avec chacun. Aujourd’hui, l’équipe réfléchit de même aux modalités de l’entrée à l’Epi. Pour une suite sans séquelle ?

Le Service de Suite en pratique

Le groupe des sortants

Chaque jeudi

Les accueils du samedi

Un samedi par mois, entre 9h00 et 12h00, le Service de Suite propose aux jeunes sortants et sortis ainsi qu'à leur famille l'accueil suivant :

  • 9h30-11h30 : accueil des jeunes et de leur famille autour d'un petit-déjeuner et activités proposées à partir des demandes des jeunes et possibilité de consultation pour les familles, d'entretien social ou de soutien scolaire
  • 11h30-12h00 : réunion des accueillants permettant de faire le point sur le travail de Service de Suite effectué et l'organisation de l'accueil

Les psychothérapies

Les psychothérapies engagées peuvent être poursuivies jusqu'à 20 ans dans le cadre du Service de Suite

Evénement :

L’équipe de l’EPI présentera le dispositif service de suite, à l’occasion de la journée scientifique de la CIPPA, organisée le 5 novembre 2016, en collaboration avec l’hôpital de jour Françoise Grémy ainsi qu’en partenariat avec l’université Paris 7.

L’objectif de ce dispositif est de préparer enfants, parents et équipes aux séparations et changements à venir et pour accompagner, après leur sortie et jusqu’à leur 20 ans, s’ils le souhaitent, ces jeunes ainsi que leur famille. Ce service vise à soutenir chez eux une continuité psychique tout au long de leurs parcours tant matériels que psychiques.

  • Tables rondes et discussions avec l’auditoire en présence de parents invités à échanger

Prenez connaissance du programme détaillé et n’oubliez pas de vous inscrire en contactant cippautisme.org avant le 30 octobre 2016. Attention nombre de places limité