CPOM : IME, CMPP

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Rencontre le 3 novembre 2016 entre l'ARS, le CMPP et l'IME Cerep-Phymentin sur fond de CPOM

À l’ordre du jour, présentation de l’activité des deux établissements, retour sur les comptes administratifs 2015 et premiers échanges sur le rapport d’autodiagnostic délivré dans le cadre de la procédure CPOM.
Suite à cette réunion, les professionnels du médico-social de l’association ont souhaité rédiger un courrier afin d’exprimer leurs interrogations quant à la perspective de modification de l’agrément de l’IME qui passerait ainsi d' « Adolescents présentant un déficit intellectuel moyen à léger » à « Adolescents présentant un déficit intellectuel », obligeant ainsi l’IME à accueillir des adolescents avec un déficit intellectuel « lourd » et des cas dits « critiques ». Des changements qui, aujourd'hui, ouvrent la porte à bien des doutes et nombre de craintes du côté de chez nous…

  • Courrier des professionnels du médico-social de l'association Cerep-Phymentin : quelques extraits

 

« ... Nous souhaitons une fois encore attirer votre attention sur les éléments suivants :
Doit-on en déduire qu'une population déficiente « modérée » nécessiterait moins de travail et d'investissement que d'autres, dans une logique associant les performances à la gravité des situations traitées ? Dans la même logique, on pourrait demander aux CMPP de recevoir des patients en décompensation aigue au prétexte que le secteur hospitalier les prend de moins en moins en charge. Il est indispensable de comprendre que les jeunes accueillis dans notre structure seraient des jeunes « sans solution » si elle n'existait pas comme telle. Ce sont des adolescents qui n'ont trouvé leur place dans aucune autre structure (ni même dans des SESSAD comme cela a pu être évoqué, ces derniers nous transmettant les dossiers de ces jeunes qui seraient donc sans solution), qui refusent de rester dans des établissements recevant des handicapés lourds, et n'auraient d'autre issue que de demeurer dans leurs familles.

Une autre question est soulevée par la notion même de cas « lourds », ou « critiques ». Qu'entend-on précisément sous ces vocables, et sur quels critères cliniques ou fonctionnels se fonde-t-on? S'agit-il d'échelles de mesure de QI, de handicaps moteurs, de degré de limitation des relations sociales? Ces questions, nous les avons régulièrement posées sans jamais obtenir de réponse. Il est pourtant question d'envoyer ces jeunes dans des établissements sans même savoir si les équipements y sont adaptés. De telles mesures n'amortiront que pour un temps très court, car de manière très artificielle, le problème de jeunes laissés sans solution.

Ceci aura deux types de conséquence : sur les jeunes actuellement accueillis d'une part, qui évoluaient vers une autonomie et une indépendance, et qui refuseront de rester, devenant à leur tour des cas « critiques» ; sur les équipes et le climat institutionnel d'autre part, avec des personnels qui depuis des années s'investissent dans un projet d'établissement et se mobilisent pour accompagner ces jeunes vers une autonomie et un parcours professionnel. Nous risquerions alors d'assister à une démotivation complète de ces équipes, voire à des mouvements sociaux dont nous ne sommes pas en mesure d'éliminer la potentialité.

Ainsi, pour toutes ces raisons, nous venons vous réinterroger sur cette modification que vous envisagez de nous imposer. Si le dialogue reste possible et nos arguments pris en compte, nous mettons de nouveau l'accent ici sur notre mission très spécifique d'insertion professionnelle qui fait sens pour beaucoup de nos partenaires et notamment ceux de l'Education nationale à la recherche d'un lieu adapté à tous ces jeunes qui sortent du « système d'inclusion scolaire ».

Nous sommes particulièrement sensibilisés et concernés par la situation de ces familles laissées sans projet pour leur enfant. Dans ce sens, nous réitérons notre volonté de poursuivre avec vous une réflexion et à adapter progressivement notre fonctionnement pour répondre à ces situations nouvelles, comme notre association l'a toujours fait au cours de son histoire. Mais cette réflexion ne peut se faire que dans une écoute mutuelle et une reconnaissance des nécessités de chacun, même si cette démarche demande un peu plus de temps qu'une mesure prise de manière unilatérale. La qualité et la pérennité des solutions trouvées en dépendent.

Qui plus est, nous comprenons la mise en œuvre des politiques publiques dans lesquelles nous nous inscrivons pleinement au sein de l'association et dans tous nos établissements y compris dans la performance, cependant nous ne pouvons souscrire à une logique qui soit uniquement en termes de gestion et de finances. Nous pensons que le manque de moyens financiers dans notre pays ne permet certes pas de créer des places supplémentaires, mais qu'il ne doit pas venir déconstruire ou détruire ce qui fonctionne, au risque de venir dégrader tout le travail de prévention, d'éducation et de soins et qu'ainsi, les jeunes accueillis dans nos structures soient à leur tour sans solution ou dans des processus d'aliénation ou de marginalisation qu'il faudra de toute façon régler à court terme ou moyen terme... »