A l’heure où nous venons de voter, force est de constater que dès le premier tour, les idées, les réflexions, les débats et les choix de programmes ont manqué. Aucun candidat n’a fait exception.
Puis, ce qui nous a été proposé au second tour par chacun revenait semble-t-il à poser les questions suivantes :
- Pour l’une : « Mes effets d’annonce sont-ils les plus miroitants ? »
- Pour l’autre : « Comment je vais gérer la France pour les cinq années à venir ? »
Toute cette campagne a manqué de consistance, mais il n’y a aucune surprise à cela car elle est parfaitement conforme à ce qui nous est proposé dans la société, par les réseaux sociaux où les images et les punchlines font références, bien plus que la pensée et la culture.
Pire encore, les programmes de gestion et d’organisation sont bien plus prépondérants aujourd’hui que les considérations et les réflexions constructives sur les thématiques, sociales, économiques et culturelles.
A ne plus vouloir reconnaître les experts dans leur métier et en valorisant les managers et les gestionnaires, nous en arrivons à des absurdités où les administrations prévoient et font « le soin » à la place des équipes soignantes.
La revalorisation salariale, c’est une très bonne chose, redonner des moyens est une nécessité urgente, mais faire confiance à l’expertise et au travail des institutions et des équipes sociales, médico-sociales et sanitaires, est salutaire.
Finalement, puisque l’on gère aujourd’hui des hommes ou des objets, un peu de la même manière (pour les uns on parle de gestion de ressources humaines, pour les autres de logistiques) et qu’il est attendu d’être un Manager Gestionnaire Performant (un MGP !), alors, qu’est-ce qui vient différencier les métiers, les secteurs, leurs richesses distinctes et les relations humaines ?
A ce rythme, nous pourrons donc travailler tout autant dans un supermarché, que dans un hôpital, une assurance ou un laboratoire agro-alimentaire.
Les administrations et autres agences s’interrogent sur le manque de personnel dans nos institutions, mais c’est sans surprise lorsque l’on voit ce qui est imposé comme cadre. La signature récente d’une charte des bonnes pratiques d’admission en IME en est un bon exemple.
Quelle est la confiance envers les institutions et les professionnels ? On ne tient plus compte des équipes pour accueillir des enfants ou des adolescents, ni même des équilibres et dynamiques des groupes dans les institutions. Il faut remplir et gérer des places au coût ! Car oui, c’est une peau de misère qui est gérée actuellement. Faire mieux avec moins !
Dans le cas de Paris, il manque cinq IME pour répondre aux 180 enfants et adolescents qui en ont besoin. Mesdames, Messieurs, les politiques, les gestionnaires et administratifs, continuez ainsi à imposer des cadres déshumanisants et il n’y aura plus de professionnels nulle part et tout un tas de personnes comme on dit en « burn out ».
Nous sommes en train de toucher le fond et faisons le lit des extrêmes qui grondent. Est-ce là notre destin collectif ?
Gardons espoir et parlons de soin, de pédagogie, d’art et de culture.
Grégory Magneron, directeur général
*** Cerep-Phymentin, une association solidaire de l'Ukraine