1 - Chrystèle, quelle(s) fonction(s) occupez-vous aujourd’hui à l’IME Cerep-Phymentin ?
J’ai pris mon poste de chef de service en septembre, après le départ d’une directrice et d’une chef de service éducatif. La direction de l’IME comme toutes les structures Cerep-Phymentin sera composée de deux responsables dont l’un est médecin psychiatre. J’attends son arrivée. Le cadre institutionnel évolue, les fonctions aussi. Si mes fonctions de direction sont définies, mon statut établi, j’ai aussi un rôle à jouer avec les personnes accueillies.
Actuellement mes fonctions sont donc multiples. La plus importante est celle de garantir l’accueil des jeunes orientés prioritairement par la MDPH. Admettre en institution c’est accueillir, c’est faire preuve d’hospitalité, c’est recevoir avec bienveillance, c’est faire une place au jeune qui arrive pour qu’il puisse se faire la sienne.
Une autre de mes fonctions est de garantir une dynamique à plusieurs - j’entends ici tous les professionnels - en aidant à la construction d’un travail éducatif, clinique et thérapeutique. C’est un travail qui permettra à un jeune arrivé en situation de handicap ou en situation dite complexe, de trouver une identité, d’exister en prenant appui sur l’institution pour, possiblement à sa sortie, faire seul ou davantage en autonomie.
2 - Quelle est votre vision d’une équipe pluridisciplinaire et qu’attendez-vous de chacun au sein de l’institution ?
Ma vision de l’équipe, comme je le dis souvent aux professionnels, va au-delà de la pluridisciplinarité. La pluridisciplinarité indique qu’il existe plusieurs disciplines. Cela ne suffit pas si elles sont juste juxtaposées les unes aux autres. Je pense donc que c’est dans un maillage de ces disciplines que se constituent une équipe et un réel travail de soin et d’accompagnement. Un maillage c’est un croisement de regards, un dialogue permanent, des accords et des désaccords, c’est une dynamique. C’est ce que j’appelle une interdisciplinarité. J’attends de ce maillage que chacun, quelle que soit sa fonction, puisse développer ses compétences, élaborer cliniquement, créer, toujours dans le souci éthique de l’autre.
3 - Quels sont selon vous les plus gros challenges à relever ?
Les challenges aujourd’hui rencontrent ce que les politiques publiques construisent pour les personnes en situation de handicap. Accueillir les situations complexes, construire un zéro sans solution, c’est le challenge de l’IME. C’est soutenir le travail déjà en place qui a des visées éducatives, scolaires et professionnelles et l’articuler à un travail clinique et thérapeutique.
4 - Quelles relations souhaiteriez-vous développer avec les parents ?
Les parents des jeunes accueillis sont les principaux interlocuteurs, après leurs enfants, de ce qui se passe et se construit à l’IME et en dehors. Les accueillir lors des CVS, lors de matinales thématiques, lors de rendez-vous avec les familles permet une articulation entre le dedans et le dehors, entre deux institutions (la famille étant considérée comme une institution). Des idées sont en train de germer, notamment sur la possibilité de participation de parents à des ateliers. Ce sont les parents qui en sont à l’origine. Maintenant il nous faut réfléchir en équipe sur ce que cela implique pour chacun et la faisabilité ou non de cette proposition. Ce qui est sûr c’est qu’il y a le cadre légal (la loi 2002.2) et à l’intérieur de ce cadre des choses à inventer avec eux.
5 - En conclusion, peut-on dire que l’inclusion est un mot clé dans votre lexique ?
Je me sers beaucoup de ce mot car il offre des ouvertures à certains jeunes. L’inclusion est à développer quand elle a du sens mais pas de manière systématique, car elle peut faire souffrir davantage. Je m’explique : un jeune qui ne sait ni lire ni écrire et que l’on met ou remet à l’école par exemple, cela peut être très douloureux pour lui si on ne s’est pas posé la question de ce qui l’empêchait d’apprendre. Il faut parfois passer par d’autres chemins que l’enseignement pour qu’il y parvienne. Qui dit inclure dit déjà exclu et ce, parfois, par d’autres institutions, scolaires, de soins… Plutôt que l’inclusion, je serai plus encline à parler de trouver une place, trouver sa place.
C’est une de mes périodes cinématographiques préférée car elle questionne un ordre établi et bouscule par sa créativité. Elle a un rôle subversif sur une période donnée et fait encore référence aujourd’hui. C’est quelque chose en mouvement jamais figé dans le marbre.
Ils/elles sont nombreux(ses), la clinique en est toujours le point de référence
Elle est shadockienne : « S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème ». C’est comme une façon légère de chercher des solutions.
►Retrouvez cet article dans notre newsletter TEMPO 10 de décembre 2018.