En cause :
Le démantèlement du secteur médico-social, organisé depuis plusieurs années par les gouvernements successifs, avec une accélération particulière sous la présidence Macron.
Moyens mis en œuvre :
- Mise au ban des pratiques basées sur le soin relationnel et de la psychothérapie institutionnelle.
- Modification du mode de financement, maintenant aligné sur le modèle de la tarification à l’acte qui a fait tant de dégâts à l’hôpital public. La remise en cause du financement, à l’origine de la création de ce secteur, porte atteinte aux valeurs et aux missions de ces institutions.
Depuis plusieurs années, les établissements ne sont plus suffisamment dotés pour répondre aux besoins.
Conséquences :
Cette pénurie, planifiée avec méthode, aboutit aujourd’hui à cette réalité : les enfants sont inscrits des mois, voire plusieurs années, sur des listes d’attente alors que les besoins de prise en charge sont urgents.
Les salaires des personnels, déjà peu élevés, sont bloqués depuis plus de 10 ans, ce qui a pour effet de rendre difficile les embauches, d’inciter à l’installation dans le secteur privé au détriment des institutions et de réduire l’offre de soins.
Solutions du gouvernement : Après avoir organisé la pénurie, le gouvernement, à la suite de ceux qui l’ont précédé, met en place des plates-formes d’orientation et de coordination (PCO), instrumentalise les neurosciences, dévoie les paradigmes scientifiques par une injonction à diagnostiquer des troubles neuro développementaux (TND) à la hauteur démesurée de 60%.
Dénonçons cette imposture qui nie la souffrance psychique au profit du tout neuronal, qui fait croire qu’il suffit de gérer des flux de patients et de compenser des troubles !
La disparition du mot SOIN dans les textes officiels est la preuve de cette dérive qui remet en cause la conception même de l’humain et de sa souffrance.
Or, nous observons quotidiennement les bénéfices pour les patients et leur famille, d’un travail de soin éthique et humaniste, par des équipes multidisciplinaires.
Comment maintenir aujourd’hui des soins de qualité sans obtenir davantage de moyens pour soigner, sans des formations professionnelles plurielles et libres ?
Comment accepter que, sous prétexte de faire des économies, on sacrifie des enfants, on les trie, on chronicise leurs troubles, leurs handicaps ?
Devant ce constat alarmant, nous luttons pour :
- Le financement des institutions médico-sociales à hauteur des besoins
- L’accès pour tous à des soins de qualité dans une dynamique institutionnelle, seule capable de prendre en charge les problématiques graves et complexes de ces enfants
- La revalorisation des salaires des professionnels de toutes les catégories comme celle obtenue par les hospitaliers
- L’arrêt du démantèlement des institutions médico-sociales, remplacées par des plateformes et des équipes mobiles dont l’objectif, à terme, est d’orienter les patients vers le libéral, secteur dont on sait qu’il est lui-même saturé.
Stoppons cette destruction qui engendre une catastrophe sanitaire qui ne pourra que s’amplifier, laissant sur le bord du chemin beaucoup d’enfants et de familles en grande souffrance.
La journée nationale unitaire de grève et de manifestation du 8 avril 2021 est une étape importante dans ce combat
Nous créerons ainsi la force nécessaire pour porter des centaines et milliers de signatures et exiger d’être entendus au ministère de la santé
Premiers signataires :
· Patrick CHEMLA, psychiatre et psychanalyste. Chef de service à la clinique Henri Ey, fondateur du centre de jour Antonin Artaud à Reims
· Pierre DELION, psychiatre, professeur des universités-praticien hospitalier émérite en pédopsychiatrie à l'université Lille-II et psychanalyste
· Bernard GOLSE pédopsychiatre, professeur des universités-praticien hospitalier émérite de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'université Paris Descartes, ancien chef de service, Hôpital Necker-Enfants malades, Paris
· Patrick BELAMICH, psychiatre, psychanalyste, président FDCMPP, directeur CMPP Fontainebleau
· Roland GORI, psychanalyste, professeur émérite de psychologie et de psychopathologie clinique, Université Aix-Marseille
· Dominique BERTIN, pédopsychiatre
· Marie DAGAULT, psychiatre d’adultes à Caen, de l’enfant et de l’adolescent en CMPP, directrice médicale, membre du collectif SNPP
· Association Française des Psychiatres d’Exercice Privé-Syndicat National des Psychiatres Privés (AFPEP-SNPP)
· Collectif Normand pour le Soin Psychique
(Contact : collectif.ms.grandest@gmail.com)