Alors ma chef se met en quête d’un Chef. A l’Italie nous renonçons, car c’est Paris qui répond. Et quoi de mieux que Paris, capitale de la Gastronomie. Le voyage se fera en métro, direction Opéra, afin de rencontrer le Chef André. Ce que nous ne savions pas encore, c’est que c’est tout le Café de la Paix que nous allions rencontrer : des gens remarquables, habités par une passion commune : faire de ce lieu hors-norme, un endroit de sérénité et de pure beauté : de l’art jusque dans l’assiette.
L’accueil qui nous est fait est doux, chaleureux, à l’image de l’histoire de ce lieu qui a traversé bien des époques. Le sourire qui nous fait découvrir les lieux nous cueille à l’aube de notre émerveillement : bouche bée et regards tournés vers le ciel du « Salon Opéra ». C’est qu’aucun de notre petite troupe n’est habitué à fréquenter de tels endroits. On chuchote à mon oreille : « Je suis trop contente d’être là »...
D’ailleurs pour l’occasion, chacun a joué le jeu de l’élégance et de la sobriété. Sapés comme jamais : ils ont troqué le jogg pour de jolies chemises. Petite touche d’originalité, l’atelier Couture a confectionné des nœuds papillons.
Après la visite, le Chef André arrive, lui aussi, en toute simplicité. Il checke les ados, leur dit tout bonnement « Salut ! », et annonce : il a 43 minutes à nous accorder ! L’interview préparée en amont prend le ton d’une discussion, les jeunes sont à l’aise, parlent avec aisance, ne lisent pas leurs questions. Ils oublient qu’ils peuvent parfois être timides ou maladroits. Ils échangent, galvanisés par les paroles encourageantes d’un chef qui leur ouvre les portes de sa cuisine, de son histoire et de son parcours professionnel, et qui martèle à l’envie que « Demain doit être meilleur qu’aujourd’hui », et que pour y arriver : « Il ne faut rien lâcher ! ». A notre invitation de l’accueillir à notre tour, le chef répond Oui, sans hésitation aucune ; les ados en sont surpris et heureux. Et moi, je connais déjà le menu.
Il est sympa le Chef André, repère l’ado intimidé, qui le rassure d’une tape amicale sur la cuisse. Il tutoie tout le monde, et nous comprenons rapidement que là-bas, tout le monde se tutoie. Il se dégage de ce lieu, beaucoup de bienfaisance et de respect. Tout semble se dérouler dans une ambiance familiale. Peut-être est-ce là le secret qui donne toute sa tendresse à la viande, toute sa douceur à la sauce blanquette, tout son gourmand aux trois desserts. Peut-être est-ce là la recette, pour un déjeuner aux milles saveurs.
Notre table est dressée au rang 40. Nous avons une serveuse rien que pour nous, qui nous traite avec bienveillance, et s’amuse des commentaires de nos jeunes qui n’ont pas les codes : « Mais pourquoi ils nous changent les couverts tout le temps ; franchement ça ne sert à rien ! ».
Le grand Directeur, Monsieur Laure, vient nous saluer, et je suis émue d’autant de générosité, et de voir nos ados attablés, heureux d’être là, conscients du cadeau qui leur est fait.
Ce qui arrive dans nos assiettes est simplement divin. Nous nous nourrissons de tout ce beau qui nous entoure. J’ignore si les anges qui ornent le plafond y sont pour quelque chose, mais je crois qu’ils veillent sur nous, car les jeunes ont laissé filer leurs angoisses sous la table. En cet instant suspendu, nous ne sommes plus différents. Nous sommes un groupe de jeunes gens dans l’un des plus beaux cafés, venus tout simplement, pour y déjeuner en paix.