Invité à participer à la journée régionale d’information organisée, le jeudi 12 octobre 2017, par le CPIAS sur le thème « Prévention du risque infectieux en EMS pour enfants et adolescents », l’hôpital de jour du Parc Montsouris a répondu présent pour communiquer à destination de professionnels du champ médico-social. Proposant à cette occasion une démarche transférable à d’autres établissements comme c’est déjà le cas au Lycée François Villon, l'hôpital de jour a fait là la démonstration d'un travail collaboratif et interdisciplinaire nous fournissant de nombreux outils exploitables...
Entre une politique Qualité gestion des risques associative et une requête émanant des infirmiers de l’hôpital de jour, comment impliquer différents professionnels de l’établissement concerné autour d’un projet commun sur l’hygiène des mains ? Comment sensibiliser des patients-adolescents dont les problématiques psychiques peuvent limiter certaines pratiques dont l’usage de la solution hydro-alcoolique ?
Au cours de cette communication, le propos de l’équipe Cerep-phymentin est de montrer en quoi la première approche de la démarche sanitaire centrée sur le risque, à savoir « répondre aux obligations de recommandations de bonnes pratiques en matière de précautions standard d’hygiène » a été transformée en une expérience de travail collaborative interdisciplinaire et interactive autour de l’apprentissage de l’hygiène des mains. Au cours de cette démarche expérimentale, l’hygiène des mains devient aussi bien un objet de travail thérapeutique que pédagogique au cours de laquelle les patients deviennent acteurs. L’enjeu est d’engager les patients-élèves dans un processus dynamique d’apprentissage tel qu’il a été pensé dans sa dimension interactive pratique pédagogique et ludique.
L’hôpital de jour du parc Montsouris est un établissement sanitaire agréé par l’ARS Île-de- France et agissant dans le champ de la psychiatrie infanto-juvénile. A ce titre, il accueille des adolescents âgés de 12 à 20 ans souffrant de troubles psychiques graves mais sans déficience intellectuelle. Cet établissement sanitaire est géré par l’association CEREP-PHYMENTIN dont la politique Qualité et gestion des risques pose un certain nombre de principes organisationnels sur lesquels elle mobilise les équipes des établissements sanitaires de manière transversale et en interdisciplinarité. Son objectif est de favoriser le partage d’expérience et les réflexions sur les pratiques professionnelles. L’enjeu demeure donc l’adaptation de la politique Qualité gestion des risques et la sécurité des soins aux spécificités des structures.
Dans ce cadre, la politique de la prévention et de la gestion du risque infectieux est établie en fonction des besoins et du niveau de la prise en charge des patients : enfants et adolescents.
Une requête de la part des infirmiers de l’hôpital de jour a été formulée auprès de la direction exprimant le besoin d’utiliser des solutions hydro-alcooliques (SHA) notamment au 1er étage de l’établissement. Cette demande nous a été adressée à une période particulière de l’année en janvier 2017 qui se caractérise par une recrudescence de gastro-entérite, de bronchite, de rhinopharyngite et de grippe. Les infections touchent aussi bien les jeunes que les soignants surtout au niveau du premier étage de l’institution puisque ce niveau correspond au lieu de vie des jeunes lorsqu’ils ne sont ni en cours, ni en prise en charge thérapeutique.
Cette demande initiale va participer à devenir l’axe autour duquel vont s’associer les infirmiers, l’enseignante en SVT, en lien avec les médecins-psychiatres et les référents thérapeutiques des adolescents. Elle coïncide, en effet, avec l’état d’avancement du Programme associatif de Maîtrise de Risque Infectieux et le programme pédagogique en SVT du cycle 4 (niveau collège) et de la classe de 2nde.
Ce programme pose dans ses axes forts les actions de sensibilisation et de formation aux précautions standard d’hygiène conduites au plus près des professionnels puis relayées par ces derniers de façon adéquates et pédagogiques aux patients, c’est-à-dire à l’échelle de la réalité clinique des jeunes pris en charge en collectivité.
La stratégie de la promotion de l’hygiène des mains telle que définie dans le programme repose sur le projet de :
Le programme pédagogique en SVT fait quant à lui écho au programme associatif de maîtrise du risque infectieux car les thématiques enseignées en SVT apportent un regard particulier, à côté et en complément du programme de Maîtrise du risque infectieux, venant l’enrichir.
La manière dont la demande des infirmiers va être traitée et la démarche Qualité pensée puis déployée fera également le lien avec les activités thérapeutiques inscrites dans le projet de soins de l’institution notamment les ateliers consacrés à la prévention et à l’éducation à la santé.
Face à des jeunes en grande difficulté relationnelle, les médiations thérapeutiques proposent une autre manière de remettre les adolescents dans un processus d’échanges, de création et de restauration d’une pensée propre. Les ateliers et groupes constituent alors une sorte de socle favorisant la transmission et où se joue le lien du jeune avec les adultes investis dans cette même activité autour de lui. La question de l’hygiène des mains est perçue comme un enjeu fort dans la sécurité sanitaire des patients mais qui reste délicat à mettre en œuvre en pédopsychiatrie à cause de la particularité de la prise en charge des jeunes et de leur symptomatologie. En effet, leurs problématiques psychiques peuvent limiter certaines pratiques dont l’usage de le SHA.
Aussi, la demande des infirmiers est l’occasion de réfléchir ensemble et concrètement sur cet axe avec comme problématique :
1 – Comment faire travailler ensemble les professionnels d’horizons divers et des intervenants extérieurs autour d’un projet commun sur l’hygiène des mains et selon un calendrier plutôt contraint de six mois ?
2 – Comment mettre en œuvre un accompagnement personnalisé en direction de patients mineurs rencontrant des troubles psychiques majeurs ? Il s’agit de passer d’une approche sanitaire orientée sur le risque à une approche positive faisant appel à leurs propres compétences dont :
Prendre part à un projet composé de plusieurs activités
Accéder à des savoirs scientifiques
Etre en capacité d’observer et d’expérimenter
Participer à des activités à l’extérieur. Suivre et réfléchir en atelier ou en activité groupale.
Comment impliquer les patients en tant qu’acteurs de cette démarche Qualité interdisciplinaire ? L’enjeu de cette démarche Qualité expérimentale est d’engager les patients-élèves dans un processus dynamique d’apprentissage tel qu’il a été pensé dans sa dimension interactive pratique, pédagogique et ludique ?
Aborder la thématique de l’hygiène des mains suppose des prérequis face à des jeunes ayant des représentations corporelles et une approche à l’hygiène influencées par leur symptomatologie.
Face à des prérequis cliniques, le choix s’est confirmé d’élaborer le dispositif autour de médiations pédagogiques, culturelles et éducatives utilisant l’apprentissage comme vecteur de transmission. Les objectifs qui en découlent sont au nombre de 3.
La plus-value de cette démarche qualité GRIAS s’est située dans la capacité de l’équipe de l’hôpital de jour du Parc Montsouris à répondre aux règlementations en les corrélant systématiquement au projet de soins de l’hôpital de jour et au niveau de la prise en charge des patients.
A l’issue des actions menées, consultables dans le détail dans le PowerPoint, une question se pose : Comment pérenniser cette démarche qualité expérimentale et interdisciplinaire en une promotion d’hygiène des mains à l’hôpital de jour Montsouris?
La réussite de la promotion de l’hygiène des mains dépendra d’une part des actions de formation auprès des professionnels de l’association telles que priorisées dans le programme associatif de maîtrise du risque infectieux, et d’autre part, de l’implication de l’ensemble du personnel.
Salim AZIRA, infirmier de l’hôpital de jour du Parc Montsouris
Dhikra SOUIDENNE, enseignante en SVT et chercheure au CNRS
Fabienne BEDMINSTER, directrice adjointe de l’hôpital de jour
Avec le concours de :
Djamila GACEM, infirmière intérimaire à l’hôpital de jour
Rosine LEBRUN, infirmière à l’hôpital de jour